• Avant, je n'aimais que les livres écrits par des hommes, pratiquement tous étrangers et la plupart morts et enterrés, Chandler, Brautigan, Jack London, Chester Himes, JB Pouy, Jim Harrison, Melville, Joe R. Lansdale, Garcia Marquez, Arto Paasilinna, Tolstoï, Jorn Riel,Borges, Westlake, Mishima, Jonathan Coe... Il fallait que ce soit punchy, d'un humour désespéré, totalement dépaysants, avec des intrigues bétons, ou bien des classiques intemporels.

    Quand je lis, j'aime voyager loin dans le temps ou l'espace, prendre le bateau, être à cheval, suivre une baleine, me faire canarder à New-York, chasser le bison ou l'ours blanc, être une comtesse russe, un pasteur noir, un dictateur sud-américain ou un moine bouddhiste...des trucs que je n'ai pas l'occasion de faire quotidiennement, ou que je déteste faire en vrai (personne ne me fera tirer au fusil, ou monter à cheval).

    Je trouvais que les femmes* n'écrivaient que des trucs gnangnan, des histoires de coeur insignifiantes ou de l'auto-fiction ennuyante au possible. Si c'est pour lire des histoires de bonnes femmes qui s’achètent des chaussures à la tonne, se regardent le nombril en soupirant ou qui amènent leurs mômes à l'école, quel est l’intérêt ??? J'avais l'impression de lire des histoires à qui il manquait une force, un souffle, un imaginaire, comme un plat sans tabasco ou un yahourt à 0%. Je n’éprouvais aucune empathie pour leurs histoires, pourtant proche de la mienne : un livre sur la maternité qui aurait du me toucher (une jeune mère, parisienne, d'une bonne trentaine d'années, difficile de faire plus jumelle) m'a paru totalement étranger alors que quelques temps avant, j'avais vibré en lisant une histoire d'amour entre gays new-yorkais...

    Puis petit à petit j'ai découvert Barbara Pym, Anne Perry, Kate Atkinson, Bulbul Sharma, Joyce Carrol Oates, Willa Cather, Yoko Ogawa,Lucía Etxebarria, Jane Austen, Louise Erdrich, Chitra Banerjee Divakaruni, Fannie Flag, Elif Shafak,Toni Morrison, Herbjørg Wassmo... toutes des femmes et presque toutes bien vivantes (mais toujours non francophones). Au fil des pages, j'ai frissonné, rit, pleuré, rêvé, je me suis échappé loin, j'ai suivi les pionniers, j'ai couru pieds nus dans la neige, j'ai eu un baby-blues à Istanbul, j'ai connu les champs de coton, j'ai déprimé à Barcelone, j'ai affronté des loups, j'ai collectionné les secrets, j'ai brisé des tabous...

    Et même si les histoires de genres sont à la mode en ce moment, je suis maintenant persuadée que ce débat n'a rien à voir avec la littérature. Auteur ou Auteure, l'important c'est que le livre nous touche, nous grandisse, nous rende un peu moins obtus, non ?

    Préjugés

    J'ai adoré le Don de Toni Morrison, vous pouvez trouver une critique sur le site du Magazine Littéraire.

    * ok, ni Marguerite Duras ni Simone de Beauvoir n'ont jamais écrit des histoires de shopping, je suis un peu de mauvaise foi. Mais George Sand est une mèmère-la-morale. Et je ne parle même pas de Colette... (mais je la relirai à 60 ans ça me touchera peut être plus).


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